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nante, reconnaissante même, était encore empreinte d’une admiration réfléchie pour la hauteur de sentiments et le caractère de son mari ; lui adorait en elle cette sereine raison, cette égalité d’âme, qui donnaient tant de prix à son amour, et cette dignité simple qui relevait les menus services qu’elle se complaisait à lui rendre.

Il était pour elle comme un dieu :

— Comment as-tu pu penser à moi ? m’aimer ? lui demandait-elle un jour.

— J’adore toute ta chère personne, ma Michelette, et en particulier ces beaux yeux qui illuminent ma vie, dit-il en les baisant doucement l’un après l’autre, mais, s’il faut te le dire, c’est par ton grand cœur, par tes qualités morales que j’ai été pris.

— Oh ! fit-elle rougissante en mettant son front sous les lèvres de son Georges.

Les événements du dehors les laissaient indifférents, et les petits faits de la vie journalière d’Auberoque n’arrivaient pas jusqu’à eux. Pourtant il y avait de ces événements qui faisaient du bruit dans la bourgade. De ce nombre furent le transfert de la cure du doyenné à Auberoque et la consécration de l’église. Elle n’était pas finie pourtant, cette église, car la friponnerie de madame Chaboin avait creusé dans les ressources communales un trou qu’on n’avait pu combler : payer quatorze mille francs, au lieu d’en recevoir seize, cela faisait une différence.