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La pauvre Dinah, ne pouvant toujours pas vivre en état de viduité, s’était, faute de mieux, rabattue sur M. Desguilhem, qui venait tous les soirs fumer sa pipe de racine de bruyère dans le petit salon fané.

Mais ce gros garçon de trente-cinq ans, apathique de nature et abruti par la nicotine, n’était pas son fait et elle ne tarda pas à le mettre à la porte.

— C’est une « panturle » ! il ne venait que pour mon tabac ! disait-elle un jour en riant à madame Grosjac.

Cependant les autorités civiles et administratives ne pouvaient rester indifférentes à cet exemple d’indépendance religieuse qu’avait donné M. Lefrancq, à ce dédain des usages reçus, à ce mépris des convenances sociales qu’il avait montrés. On le dénonçait d’Auberoque comme donnant le déplorable spectacle d’un fonctionnaire vivant en concubinage. La coterie des dévots, stimulée par le curé Camirat et soutenue par M. le maire Bourdal, s’agitait sourdement à Périgueux pour obtenir sa révocation. Mais, grâce au directeur départemental, qui l’estimait comme homme et comme fonctionnaire, la haine de ses ennemis fut impuissante encore une fois.

Lui ne s’occupait, ni ne pensait même à tous ces vilains bonshommes qui autour de lui s’agitaient, hypocritement hostiles. Il vivait retiré, pleinement heureux près de sa femme, sans autres relations que son ami Farguette. L’affection de Michelette, préve-