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M. Reversac. Même la petite veuve Barjac, qui depuis quelque temps cultivait les bons principes avec M. Bourdal, déclarait hautement ce concubinat immoral. Il semblait, à entendre ces vertus et toutes les caillettes sans cervelle d’Auberoque, que la présence de ces époux réfractaires aux lois de l’Église souillât la bourgade, et que ce mariage civil fût un horrible malheur tombé sur elle.

Une autre chose indignait encore tous les naturels d’Auberoque, mâles et femelles, c’était le refus insolent des quatre-vingt mille francs et des espérances de mademoiselle Monturel, refus ébruité par le chagrin expansif de la pauvre « Margaret ». Chacun en voulait à M. Lefrancq de mépriser cet argent pour lequel, à part quelques rares exceptions, ils étaient tous prêts à faire tant de bassesses.

Les « demoiselles » étaient dans un état de jalousie aiguë et d’irritation folle qui leur faisait dire des bêtises grosses comme la grosse Irma :

— Une artisane ! une fille de rien ! il faut avoir des goûts bien bas, pour s’amouracher d’une fille pareille !…

— Encore, si elle était riche ! s’écriaient naïvement ces pécores, les demoiselles Bourdal comme les autres, malgré leurs médailles et leurs chapelets.

Les ouvrières, les filles du peuple, qui auraient dû être fières de cette absence de préjugés, rageaient de ce qu’elles appelaient la « chance » de Michelette,