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— Par un voyageur de commerce arrivé de Périgueux. D’ailleurs le brigadier a reçu, ce soir, des ordres de convocation.

Tous trois demeurèrent un instant muets, immobiles, puis M. Farguette reprit :

— Qui sait ce qui arrivera ? Tout le monde s’accorde à dire que la Prusse est formidablement organisée et armée… Du reste, cela s’est bien vu dans la courte campagne de Sadowa.

Pendant longtemps encore, ils se tinrent là, debout, échangeant à demi-voix des réflexions inquiètes ; puis Michelette, comme accablée par un pressentiment, dit :

— Excusez-moi, cette nouvelle m’a brisée, je vais me coucher.

Et, rentrée chez elle, la petite ferma la porte.

Restés seuls, les deux amis allèrent s’asseoir dans le bureau du receveur, et là conversèrent encore une heure, en de courtes phrases anxieuses ; après quoi, le pharmacien, se retirant, serra la main de M. Lefrancq :

— Je ne vous dis pas : « Bonne nuit ! » mais : « À demain ! »

Dans la matinée, vers dix heures, en allant à l’hôtel, le receveur, les yeux battus par l’insomnie, vit devant le bureau de poste un groupe au milieu duquel gesticulait le percepteur.

— Nous avons la guerre avec la Prusse, vous