avances de sa famille. Avec ce superbe égoïsme des amoureux, il regardait froidement tout ce qui n’était pas Michelette ; et la seule chose qu’il éprouvât était une sorte d’ennui impatient, de se voir l’objet de l’amour de la demoiselle et des politesses des parents.
Depuis la mort de M. Desvars, son attachement pour la fille de l’inventeur avait grandi, s’était comme complété par des pensées d’avenir plus fréquentes, des sentiments de protection plus actifs et une sollicitude plus étendue. Il se considérait maintenant comme le seul appui et l’unique recours de l’orpheline, et, s’il eût été libre de ses actions, il l’eût épousée tout de suite. Mais madame Lefrancq refusait toujours son consentement, avec une obstination toute bretonne, quoiqu’elle fût née à Auch : il y a aussi de bonnes têtes en Gascogne. Un voyage fait par son fils pour lui arracher ce consentement avait été inutile, et il était revenu triste et irrité, mais sans pouvoir se résoudre à passer outre contre la volonté de sa mère qu’il aimait, et qui l’aimait aussi à sa manière, au point de ne le vouloir heureux que de sa main.
Sa position était pénible. Quelque pur que fût son amour dans sa source, il n’échappait pas à la loi commune. Il était jeune, ardent, il aimait passionnément depuis longtemps et il souffrait. Lorsque le soir ils étaient seuls dans le jardin, assis l’un près de l’autre, écoutant parler leur cœur, un flot de passion