vallon étaient enfouis dans un noir de poix. Seule, au loin, la ligne de faîte des coteaux se profilait incertaine sur un coin de l’horizon. Le receveur appuyait son front à la vitre froide et il songeait.
Le pauvre homme, qui se mourait là, mis en terre, Michelette resterait seule. Pour lui, leurs destinées étaient liées à jamais ; sa résolution était prise, elle serait sa femme. Mais il y avait un obstacle : sa mère qui avait arrangé son mariage, à lui, avec la fille unique d’une amie, charmante et riche, — « ce qui ne gâte rien », ajoutait-elle toujours. — Tant que son cœur avait été libre ou à peu près, le jeune homme avait laissé sa mère faire ses combinaisons matrimoniales sans protester : aussi la déception de la prévoyante dame avait-elle été très vive. Aux prières de son fils elle avait opposé cette réponse catégorique, plusieurs fois renouvelée :
« Fais-moi signifier les sommations légales ou attends ma mort : je ne donnerai jamais mon consentement à ton mariage avec cette fille… »
Pourquoi les mères sont-elles ordinairement plus intraitables que les pères sur ces questions d’inégalité sociale dans le mariage ? Est-ce par égoïsme maternel ? Ou bien est-ce une sorte de jalousie de pure affection, contre la femme à ce point aimée ? Peut-être y a-t-il un mélange obscur et inconscient de ces deux sentiments dans leurs refus, souvent méprisants, comme celui de madame Lefrancq.