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Pendant quelque temps, l’inventeur « traîna », comme on dit, ne mangeant pas, ne dormant guère et perdant ses forces : puis il finit par s’aliter.

À la proposition d’appeler le « chirurgien » de Brilhac, le malade opposa un refus formel : « il n’en aurait pas voulu pour son chien ». D’ailleurs, il n’avait besoin que de repos, ayant trop travaillé dans ces derniers temps à son monocyclepède.

Malgré l’excès de labeur accusé par M. Desvars, l’engin n’était pas près d’être achevé. Plusieurs fois l’inventeur avait brisé et mis à la ferraille des modèles qui ne le satisfaisaient pas. C’est que le problème était difficile à résoudre. S’il s’était agi seulement d’un appareil propre à des exercices d’acrobate, les difficultés eussent été moindres ; mais M. Desvars voulait une machine rapide, commode, sûre, d’une utilité pratique certaine. Aussi tâtonnait-il toujours. Après avoir rejeté une pièce, il en forgeait une autre, d’un modèle différent, étudiant des modifications, inventant des améliorations de détail, mais restant toujours loin du monocyclepède idéal qu’il rêvait confusément.

Au moment où il était tombé malade, il s’était arrêté — provisoirement — à une machine étroite de jantes et très large au moyeu. Au centre d’une unique roue de deux mètres de hauteur, entre les rais écartés, l’homme, — on ne peut pas dire, le cavalier, — devait se loger et pédaler pour actionner