éclataient rageusement sur la place, et que M. Duffart promettait à divers électeurs des débits de tabac, des exemptions de la conscription, des places de facteurs et de cantonniers, à la clarté d’une lanterne vénitienne que le receveur alla querir, M. Farguette lut la Curée, puis l’Idole.
Et, à mesure que les vers sifflaient comme des lanières, cinglant les appétits rués sur les dépouilles des vaincus, et flagellant la funeste apothéose du « Corse à cheveux plats » ; tout ainsi que le vent d’est emporte les nuages, cette fête banale, ces joies grossières, ces hommes vulgaires, tout cela disparut emporté par la colère du justicier, et les quatre personnes réunies dans le jardin Desvars sentirent passer sur elles ce frisson dont parle le vieux Job, poète de douleur.
Michelette, pâle, les yeux brillants, les mains jointes sur ses genoux, écoutait en extase. Son père, à l’évocation de ces choses connues dès son enfance, ou vues dans sa jeunesse de compagnon du tour de France, restait immobile et muet comme M. Lefrancq… Cependant M. Farguette, les cheveux hérissés, lisait, lisait toujours…
Quelques jours après, ne voyant pas M. Desvars à l’heure habituelle, le receveur questionna Michelette et apprit que le père était « fatigué », euphémisme du pays, pour dire : « malade », de même que les Romains disaient : « Il a vécu », pour : « Il est mort ».