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je parierais que Michelette ne les aime pas non plus ?

— C’est vrai, monsieur Farguette ; tout un ou tout autre : rien que de la limonade, je vous prie.

— Tout un ou tout autre ! reprit le pharmacien ; vous avez raison… Je suis tellement de votre avis que je n’ai pas bonne opinion de ceux qui aiment les « panachés ».

Tous se mirent à rire.

— C’est la vérité ! Il me semble qu’il y a quelque concordance et relation entre les goûts physiques et les sentiments moraux. Je me persuade facilement que celui qui aime les produits hybrides est lui-même une sorte de métis moral… Pour moi, je n’aime pas ce qui n’est pas franc d’origine et droit de goût : par exemple, les roses violettes, le céleri-rave, le brugnon, le léporide, le républicain catholique et le démocrate impérial…

— À la bonne heure ! dit M. Lefrancq, voilà comme j’aime à vous voir !

— C’est que je suis ivre !

— Oh ! monsieur Farguette ! fit naïvement Michelette.

— Oui ! et voici ce qui m’a grisé.

Disant cela, le pharmacien tira de sa poche un livre sur la couverture duquel était écrit : Iambes et Poèmes.

Et, tandis que les flonflons de la musique foraine