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prétendait se faire payer son enclos à raison de six francs le mètre carré, le maire fut fortement estomaqué. Pour l’église, une place autour, le presbytère et son jardin, il avait fallu prendre cinquante-deux ares et demi, ce qui à ce prix faisait trente et un mille cinq cents francs.

— Alors ! s’écria-t-il, épouvanté, c’est nous qui redevrions quinze mille cinq cents francs à madame Chaboin ?

— Parfaitement ! dit l’intendant.

— Mais, voyons, fit M. Lavarde, ce n’est pas sérieux ! À Auberoque, les meilleurs fonds ne se sont jamais vendus plus de cinq mille francs l’hectare, ce qui remet le mètre carré à dix sous !

— Madame Chaboin en veut six francs. Elle en a même déjà vendu à sept francs dans le même enclos, et moins bien placés.

— Et à qui donc ?

— Mais à Coustau !…

Une lueur soudaine se fit dans l’esprit de M. Lavarde : il regarda Guérapin avec mépris et s’en alla. Il comprenait maintenant la portée de cette restriction de madame Chaboin : « en argent ou en terrain », que son honnêteté n’avait pas suspectée ; il saisissait aussi le but de la vente à Coustau de deux ares de terrain à l’extrémité de la pièce de madame Chaboin.

Coustau avait acquis, en effet, ces deux ares, soi-