particulières, un cordon de lanternes vénitiennes reliait les pins et encadrait la place. Dans les pins eux-mêmes, des ballons rouge orange semblaient de grosses pommes de l’espèce appelée, dans le pays, « de drodor ». Autour des tourniquets où l’on gagnait de la verrerie commune, des porcelaines de rebut, et des paquets de biscuits qui trainaient dans les foires depuis des mois, les campagnards se pressaient. La baraque des saltimbanques était pleine, mais le manège était littéralement assiégé, et les chevaux de bois pris d’assaut après chaque tour. Une rumeur de gens en gaieté montait de cette foule, mêlée au bruit assourdissant de l’orgue du manège, des trombones et de la grosse caisse de la baraque, le tout ponctué par les détonations sèches d’un tir relégué dans un coin au pied des remparts.
Mais tout cela n’eût été rien, et la fête eût gardé un caractère banal sans mademoiselle Duffart.
Au cours de sa vie militaire, la sœur du conseiller général avait tenu garnison à Nice avec le défunt capitaine, et pendant les fêtes du carnaval y avait contracté le goût de ces batailles de confetti, qui du Corso de Rome se sont propagées jusqu’à la promenade des Anglais. Pour donner un peu d’entrain à la fête et étonner la population d’Auberoque, mademoiselle Duffart avait fait venir une caisse de ces confetti de plâtre, bien différents des confetti de papier d’aujourd’hui. La caisse était déposée chez ma-