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Sur un seul point, ce discours fut critiqué : l’expression de « village » choquait d’autant plus les gens d’Auberoque qu’ils venaient d’être promus par leur conseiller général à la dignité de citadins. Le juge coula cela dans l’oreille du curé, pendant qu’il s’épongeait le front :

— Belle affaire ! dit-il.

— Mes frères, on me fait remarquer que beaucoup de personnes ont été étonnées que je me sois qualifié de « prêtre de village ». Je prie ces personnes-là de considérer qu’étant encore curé de Charmiers, je ne suis que cela. Mais lorsque la cure et le doyenné seront transférés à Auberoque, l’année prochaine, s’il plaît à Dieu ! je m’exprimerai tout autrement et je me qualifierai de « curé urbain ».

Cette explication qui flattait l’amour-propre et les rancunes des habitants d’Auberoque, fut fort applaudie, par de solides battements de mains.

Pourtant la plupart des assistants se disaient : « Qu’est-ce qu’il nous chante là avec son curé Urbain, puisqu’il s’appelle Timothée ?… » mais cela ne les empêchait pas d’applaudir, de confiance.

La fête diurne fut ce que sont toutes les fêtes de paroisse : mât de cocagne, tourniquet, jeu de la poêle, course en sacs, etc., avec des prix offerts par « les gens en place », le député, le conseiller général, le conseiller d’arrondissement, le maire, réquisi-