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pour assesseurs le conseiller Guérapin et le conseiller Grosjac. Toujours modeste, M. Capgier, l’architecte, s’était assis à un bout de la table où il se faisait petit, en s’arrangeant toutefois pour ne pas avoir le public derrière lui. Puis, comme c’était un homme très complaisant, il s’offrit à décharger M. le maire du soin de recevoir les soumissions, ce que celui-ci accepta avec empressement. Après donc que M. Monturel, assis à l’autre bout de la salle, avait encaissé les cautionnements et délivré les quittances, M. Capgier prenait les enveloppes cachetées des mains des soumissionnaires et les numérotait.

Pendant qu’il faisait cette opération, arriva Coustau, l’entrepreneur, qui, comptant sur la table six enveloppes seulement, s’en retourna grand’erre, disant qu’il avait oublié son cautionnement.

Lorsqu’il revint, huit soumissions étaient déposées et, sur le coin de la cheminée, un entrepreneur complétait la sienne. Voyant cela, le rusé Coustau lanterna pour déposer son cautionnement, puis se retira à l’écart, feignant d’arranger ses papiers. Enfin, lorsque le neuvième entrepreneur eut déposé son pli, Coustau s’approcha et fut numéroté le dixième.

Ensuite, après l’acceptation en comité secret des dix concurrents, les entrepreneurs et le public étant rentrés, commença l’examen des soumissions dans l’ordre numérique du dépôt.

M. Capgier, penché sur la table et bien abrité