« Le château ! » cela voulait dire qu’une foule de ces pauvres mercenaires qui foisonnent dans les pays de grande propriété, domestiques ruraux, manœuvres, journaliers, ouvriers de terre, attendaient de lui du travail, c’est-à-dire du pain pour les enfants ; pain durement affané, mais du pain cependant ! Cela signifiait encore que des artisans espéraient de l’ouvrage de M. Guérapin ; que des métayers et des tierceurs étaient à sa merci ; que des marchands, petits et gros, tremblaient que M. l’intendant ne leur retirât la pratique de ce terrible château : tout cela faisait de nombreux électeurs dépendant du bon plaisir de M. Guérapin. Libres de voter à leur guise, ils l’étaient assurément ; mais, comme il le leur expliquait, lui aussi était libre de les employer ou non, d’acheter chez eux ou non ; et, ma foi, il ne leur baillait pas le lièvre par l’oreille, mais leur posait carrément la question d’option.
Outre ceux-là, qui étaient dans la dépendance directe et immédiate du château, il y avait encore une foule de petits particuliers qui craignaient de se faire des ennemis puissants comme madame Chaboin et son intendant. Sans avoir lu La Fontaine, ils connaissaient, d’instinct, l’histoire du pot de terre et du pot de fer et se tenaient prudemment dans leur coin de feu. C’est qu’il n’était pas difficile d’avoir une affaire avec le château : c’était, à chaque instant, des procès-verbaux faits par le garde Goussard pour