la plus intéressante. À Auberoque, les candidats étaient nombreux et les compétitions vives parmi les hommes nouveaux qui aspiraient à occuper une des chaises boiteuses de la mairie, sans parler des anciens conseillers, qui désiraient fort garder la leur. Tous, non, cependant, car M. Tronchat, en honnête homme, renonça définitivement à solliciter les suffrages de ses concitoyens, pour ne plus se trouver dans la dure alternative d’opter entre sa conscience et les intérêts de son négoce.
Il y eut à cette occasion des brigues, des cabales, brassées principalement par M. Guérapin, afin d’exclure le pharmacien du conseil. L’entreprise n’était pas aisée ; car, outre que M. Farguette, comme il l’avait dit au receveur, avait, couchés sur son livre, la plupart des électeurs, son caractère inspirait de la déférence et même du respect. Ses conseils n’étaient jamais suivis, il est vrai, mais chacun reconnaissait, à part soi, que l’intérêt général les inspirait, tandis que des intérêts particuliers, l’intrigue ou la passion, faisaient opiner les autres. Il résultait de là, cette singulière situation que M. Farguette jouissait de la considération de tous sans avoir d’influence, tandis que M. Guérapin, qui n’était ni aimé ni estimé, parvenait souvent à imposer ses volontés, par ses manœuvres et au moyen de son emploi : car, quoi qu’il en eût dit à madame Chaboin, son influence aurait été peu de chose, s’il n’avait eu derrière lui « le château ».