désespérément au fond de limbes obscurs où grouillaient, sans pouvoir s’en dégager, des embryons d’inventions.
Un soir, comme il rentrait au logis, plongé dans de pénibles cogitations, il rencontra près de la gendarmerie un enfant qui jouait avec un cerceau. Ce cerceau n’était qu’un mauvais cercle de barrique qui, frappé avec un bâton, roulait rapide et droit, mais n’importe : en voyant cela, M. Desvars s’arrêta soudain. Ses cheveux gris se dressèrent, il ferma les yeux et porta la main à son front comme pour aider à la parturition de l’idée ; puis, après un court instant, le chapeau sous le bras, le crâne fumant, dans l’absorption d’une vision intérieure, l’inventeur rentra lentement chez lui : le monocyclepède était conçu.
— Ha ! Michelette ! fit-il, en embrassant sa fille avec effusion.
— Eh bien, père ?
Il sourit doucement, avec cette condescendante bonté de l’homme supérieur, et, se touchant le chef du doigt, répondit :
— J’ai quelque chose là !
Et il alla s’enfermer dans son atelier.
— Qu’a donc votre père, ma Michelette ? demanda, un moment après, le receveur. Je viens de le voir rentrer tout radieux.
— Hélas ! dit-elle, il a encore quelque invention en tête !