où la vie intellectuelle était nulle, où le contact de cervelles obtuses avait réagi sur la sienne, où le milieu ambiant avait stérilisé les germes qu’une autre atmosphère eût développés…
Après quelques jours passés à ruminer son insuccès et à ressasser ses pensées un peu confuses sur les causes des avortements successifs de ses diverses inventions, M. Desvars se décida au départ et, un soir, arriva par la voiture de Périgueux, ramenant précieusement son vélocepède imparfait. De même que ces parents pleins d’une tendresse aveugle pour des enfants mal nés, le pauvre inventeur s’attachait à ses inventions malheureuses, malgré la constatation de leur imperfection.
Pendant quelques jours il resta triste et sombre, digérant péniblement cette déception qui s’ajoutait à tant d’autres, et humilié de rentrer vaincu dans cette bourgade où il avait espéré revenir en triomphateur. Puis, peu à peu, l’apaisement se fit en lui, et insensiblement germa dans son esprit, toujours prêt aux illusions, le désir d’une revanche.
Et tout le long du jour, errant sur les chemins infréquentés, le front penché, comme chargé de lourdes pensées, il méditait. Dans son cerveau enfiévré, s’agitaient de vagues conceptions que malgré tous ses efforts il ne parvenait pas à formuler d’une façon nette et précise. Cette impuissance le navrait, et comme en un mauvais rêve, sa pensée s’agitait