sir de se venger de la personne qui avait joint à son nom une épithète insultante. Persuadée qu’en n’apercevant pas, sur le visage de Michelette, la honte et le chagrin que devait lui causer sa lettre, l’anonyme récidiverait, mademoiselle de Caveyre guetta. Le soir, tard, elle retirait toutes les lettres de la boîte, et, cachée derrière les volets légèrement entr’ouverts, elle épiait, ou sa mère. Après plusieurs veilles inutiles, une nuit, elle entendit la pierraille crier sous un pas furtif. Vite, sautant de son lit, elle courut à la fenêtre et reconnut Guérapin, qui, le collet de son paletot relevé, s’approchait et jetait une lettre à la boîte.
Aussitôt elle dégringola l’escalier et trouva cette lettre, qui était adressée à M. Lefrancq : au reste, la même écriture que celle de l’autre, destinée à Michelette.
« C’est donc cette coquine de Creyssieux ! »
Et elle comprit alors que le frère et la sœur se vengeaient ainsi de l’intervention du receveur dans les affaires de M. Desvars. Après y avoir réfléchi, le lendemain elle laissa parvenir la lettre à son adresse, dans l’espoir que le destinataire en rechercherait l’auteur.
En effet, après l’avoir lue, M. Lefrancq monta chez le pharmacien :
— Connaissez-vous une femme capable d’écrire une pareille cochonnerie ? dit-il en la lui donnant.