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tra avec empressement dans les vues de son frère. Le plus sûr moyen de se venger de M. Lefrancq, c’était d’atteindre Michelette, et la gueuse s’y embesogna aussitôt. Elle était là dans son élément, elle aimait à faire le mal, à remuer des ordures. Aussi, avec quel bonheur cette mégère impure s’efforça de torturer la jeune fille chaste en lui révélant les vilenies des passions, les ignominies de la chair ! Et quel plaisir atroce elle prit à froisser sa délicatesse, à lui salir la pensée de choses obscènes cyniquement exprimées, à la frapper dans son amour !

M. Lefrancq ne l’aimait pas : « il se servait d’elle », comme de cette… de Caveyre, comme de la servante du Cheval-Blanc, qui venait faire son lit tous les jours, et qui le défaisait aussi, comme d’une… Elle verrait bien ça, sous peu, lorsqu’elle serait obligée d’élargir la ceinture de sa robe… Avec quel mépris il la lâcherait alors !

Et puis elle lui parlait de sa défunte mère : quelle honte ce serait pour elle, vivante, de voir sa fille tombée parmi les « traînées » !

Quant à son père, c’était un… qui l’avait vendue comme neuve, alors que M. Lefrancq n’avait eu que les restes de Duboisin et des autres.

Ainsi, pendant quatre grandes pages d’une lourde écriture grossièrement contrefaite, la gredine répandit sa bave venimeuse ; après quoi, Guérapin, vers minuit, alla jeter la lettre à la poste.