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le voudrait-il ? Enfin, après une nuit tourmentée, le pauvre homme se résolut à écrire à son locataire et attendit, plein d’inquiétude.

Le surlendemain, il recevait cette réponse qui le fit revenir à la vie et à l’espérance :

« Envoyez votre procuration à monsieur Farguette et prévenez votre créancier que d’ici huit jours il sera remboursé. »

En apprenant l’insuccès de cette dernière tentative, Guérapin eut un accès de rage froide qui faillit le tuer, mais qui, malheureusement, ne fit que lui donner la jaunisse ; toutefois il ne désarma pas pour cela.

Cet homme, vieux célibataire, vivait avec sa sœur, veuve d’un gendarme en retraite, et mère d’une grosse fille qui depuis trois ou quatre ans avait coiffé sainte Catherine. Cette veuve, appelée, « la Creyssieux », était l’ancienne limonadière du Café du Périgord, très grande et puissante femme, presque une géante, qui jadis avait séduit le bon gendarme par l’ampleur de ses charmes, en lui versant une demi-tasse. Cette créature, devenue monstrueusement grosse, avait la peau jaunâtre, les lèvres livides, le petit nez d’une chatte et les yeux bridés d’une Asiatique. Des cheveux d’un noir huileux, avec une fausse natte roussie par le temps, pareille à une queue de vache, et ramenée en couronne au-dessus d’un front bas, achevaient de prêter un aspect