Et pendant que le conseiller général d’Auberoque, tout déferré, se retirait piteusement en murmurant quelques plates excuses, le directeur le regardait s’éloigner avec un sourire de mépris.
L’échec de sa machination rendit M. Guérapin furieux, mais il ne le découragea pas.
Le bien tout entier de M. Desvars, maison et terres, était hypothéqué pour huit mille francs. L’époque du remboursement était échue depuis plusieurs années, mais le créancier, sachant l’impossibilité où était le père de Michelette de se libérer, se contentait des intérêts, qui lui étaient assez exactement payés, avec d’autant plus de facilité que la créance était suffisamment garantie par la valeur des immeubles. Guérapin, qui savait cela, comme il savait les affaires de tout le monde, conçut aussitôt le projet de faire acheter à madame Chaboin la créance Desvars, et, comme celui-ci ne pourrait la rembourser, de le poursuivre en expropriation.
« Nous verrons bien, se disait-il, si le galistrou ne trouvera pas la fille un peu chère ! »
Et, ayant facilement obtenu l’assentiment de madame Chaboin, toujours prête à une mauvaise action, l’intendant entama des négociations avec le créancier de M. Desvars.
Mais ce créancier était un honnête homme, qui refusait absolument de se prêter à cette canaillerie. À plusieurs reprises, il éconduisit Guérapin, qui