voter, lui offrant même un nouveau prêt s’il en avait besoin. Mais l’inventeur était en ce moment-là trop affairé pour faire le voyage. Il était en pourparlers avec un courtier d’affaires, qui le bernait d’une prétendue vente de son brevet à une maison de Londres et lui tirait quelques pièces de cent sous avec cette bourde : aussi ne répondit-il même pas aux lettres de M. Guérapin.
Ce dernier avait mis dans sa tête que M. Farguette serait isolé dans le conseil, qu’il serait le seul à voter non. C’était une satisfaction pour sa haine : aussi travaillait-il fort pour que le conseil fût au grand complet, afin que l’isolement du pharmacien parût plus humiliant. Il se trompait en comptant sur M. Desvars : celui-ci, présent, n’eût pas sans doute voté selon ses désirs ; mais Guérapin, qui ne connaissait d’autres mobiles que l’intérêt ou la passion, se persuadait facilement que M. Desvars, étant le débiteur de madame Chaboin, débiteur gêné qui plus est, voterait au gré de sa créancière.
Aussi conçut-il une vive irritation contre les deux absents. Au regard de M. Tronchat, son ami le secrétaire de la mairie le calma un peu, en l’assurant que réellement l’épicier avait la fièvre et n’était pas en état de se lever ; mais pour ce qui était de M. Desvars, l’intendant songea aussitôt à se venger.
En recevant l’argent, l’inventeur avait écrit au