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Grâce aux intrigues du château, la séparation fut votée à une forte majorité. Pour la première fois les conseillers d’Auberoque et ceux de Charmiers furent d’accord, mais c’était pour faire une bêtise.

Dans la très infime minorité se trouvait M. Farguette. Avec un zèle digne d’un meilleur sort, il avait essayé de faire comprendre aux conseillers d’Auberoque les conséquences d’un vote favorable. Il leur avait fait voir que le futur conseil serait à l’entière discrétion de madame Chaboin dont l’unique visée était de duper la commune. Surtout il avait insisté sur ce point que cette église, dont on se servait comme d’un appât pour leur faire voter la séparation, serait une cause de ruine pour la commune amoindrie…

Mais tous les efforts de ce pauvre M. Farguette furent vains : cette fois, M. Duffart, qui s’était encore constitué devant le conseil l’avocat de madame Chaboin, l’emporta. Comme dit l’autre, « il n’est pire sourd que cil qui ne veut entendre ». Aussi, sauf le pharmacien, la séparation fut votée par tous les membres présents. Cette restriction est nécessaire, car il y eut quelques absents, notamment M. Tronchat, qui ne pouvant se résoudre à voter cette séparation contre son opinion, feignit d’être malade et se mit au lit, espérant concilier par ce subterfuge ses intérêts et sa conscience.

Mais il lui fut signifié de la part de M. Guérapin