l’amour-propre de ses auditeurs et à se les concilier. Puis, un jour, il annonça une bonne nouvelle : afin de lever toutes les difficultés relatives à l’emplacement de la future église, et pour accorder les intérêts respectifs des divers quartiers d’Auberoque, madame Chaboin offrait un enclos à elle appartenant, situé dans une position assez centrale par rapport à l’ensemble du bourg. Cette annonce fut généralement bien accueillie, l’offre de madame Chaboin ayant l’avantage de ne favoriser aucune des trois compétitions rivales. C’était un compromis, une cote mal taillée, qui donnait satisfaction à tous dans une certaine mesure. Car, si chacun des trois partis contendants était débouté de ses prétentions, il n’avait pas du moins le crève-cœur de voir ses rivaux l’emporter sur lui.
Aussi, lorsque le curé commença de colporter sa liste, en tête de laquelle madame Chaboin s’était inscrite pour seize mille francs, — argent ou terrain, — fut-il bien reçu et sa grande feuille de papier timbré se couvrit de signatures. Il y eut cependant des abstentions : M. Farguette, Gardet, le receveur, et, avec quelques autres, mademoiselle de Caveyre, qui était bien légitimiste, — elle devait cela à ses traditions de famille, — mais qui n’aimait pas « la calotte », comme elle disait.
Encore que beaucoup se fussent parforcés par gloriole, pour humilier le voisin, les souscriptions