souscrire, mais à la condition que l’église fût dans son quartier…
Dans cette situation, le concours du curé de la paroisse était un élément de succès : aussi madame Chaboin avait-elle pensé tout d’abord à se l’assurer, ce qui ne fut pas difficile, car il s’offrait de lui-même.
Ce curé, appelé Camirat, était un petit homme blond filasse, aux cils d’albinos, aux lèvres serrées. Il était intelligent, mais c’était un esprit inquiet et malveillant, un caractère difficile, un tempérament atrabilaire. En outre, il avait des défauts capitaux pour un prêtre : il était dur et intéressé. Il exploitait sa cure comme M. Bourdal son étude, et tâchait de lui faire rendre le plus possible. De peur de perdre, lorsque les gens ne lui paraissaient pas très solvables, il se faisait payer d’avance. Dès l’arrivée de madame Chaboin, le curé avait été quémander au château ; il y était retourné, de temps en temps, sous différents prétextes : une chapelle à restaurer, un calvaire à ériger, un ornement à acheter, des pauvres à soulager. Quoique l’ancienne fondatrice de la « Compagnie de la grande Mer nouvelle de Tombouctou » ne fût pas généreuse, elle se laissait toujours tirer un louis, désireuse de se concilier ce prêtre qui, en chaire, molestait quelque peu ceux qu’il n’aimait pas, et, en général et au figuré, se servait plus de la houlette que de la flûte pour mener son troupeau.