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femmes puissent faire assaut d’élégance, exhiber leurs belles robes, étaler leurs grâces, caqueter et coqueter à la sortie avec les galants, ou jacasser entre vieilles commères ; tous ceux-là comprendront avec quelle affection la population féminine d’Auberoque devait embrasser l’idée de la construction d’une église au chef-lieu de la commune pour y transférer la cure du doyenné.

Cette question avait été déjà souvent agitée, mais toujours avec ce manque de sens pratique, avec cette incohérence de vues, avec cette préoccupation d’intérêts particuliers, qui en tout temps avaient caractérisé les diverses administrations municipales qui s’étaient succédé à Auberoque. Le choix de l’emplacement avait été la principale cause de l’avortement des projets. Les gens de la place voulaient l’église là, au centre du bourg, dans un jardin en bordure. Ceux du quartier de la Miséricorde alléguaient, à l’encontre, le terrain en déclivité, la difficulté de l’accès, et demandaient qu’elle fût construite dans leur voisinage, sur un « coderc » où paissaient les oisons. Quant à ceux du faubourg de l’école des frères, ils rejetaient bien loin les propositions des uns et des autres et prétendaient qu’elle fût édifiée sur un petit « tuquet » ou monticule, qui, à leur dire, semblait fait tout exprès. À l’appui de ces prétentions contradictoires, venaient les déclarations individuelles : chacun voulait bien