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Cependant il y avait encore quelque chose de plus terrible. Les femmes d’Auberoque, depuis la « dame » jusqu’à la chambrière, enrageaient de ne pouvoir montrer leurs toilettes à leur aise. On n’avait pas le temps de s’habiller pour la messe de huit heures ; et puis, à ce moment, le public masculin manquait, les hommes étant encore à se faire raser. Et, pour comble de malheur, il n’y avait pas de vêpres à Auberoque, mais seulement à l’église paroissiale, de sorte que la gent femelle passait les après-midi du dimanche en cancans, en bavardages insipides ou pis, devant les portes, pendant que les hommes jouaient aux quilles ou au « rampeau ». Car de descendre à Charmiers pour assister aux offices, c’était une chose dont les uns et les autres repoussaient même l’idée. Tous à peu près, hommes et femmes, allaient bien à la messe de la chapelle, du moins les jours de grandes fêtes, et faisaient leurs pâques à la saison. Mais leur religion n’allait pas plus loin : de traiter les gens de Charmiers en bons voisins, en frères en Jésus-Christ, il n’en fallait pas parler.

Ceux qui savent que dans les campagnes, où il n’y a pas, comme dans les villes, des promenades, la musique, le théâtre, et un public toujours prêt à lorgner, les assemblées dominicales aux offices tiennent lieu de tout cela ; que l’église, où quelques fervents vont prier, est aussi le seul endroit où les