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de longues soirées à la clarté des étoiles, échangeant leurs pensées, muets quelquefois, écoutant le chant mélancolique des raines monter du fond des prés, et tout entiers au bonheur innocent de se voir, de se sentir occupés l’un de l’autre.

Un matin, pendant que le receveur travaillait à son bureau, M. Desvars vint le chercher pour lui montrer son nouveau vélocepède : la machine était terminée et l’inventeur en était content.

— Le voici ! dit-il avec satisfaction à M. Lefrancq.

En effet, M. Desvars avait beaucoup amélioré l’appareil. L’acier avait remplacé le bois dans les roues ; au lieu des engrenages qui jouaient trop, une chaîne transmettait le mouvement ; et, pour adoucir les réactions, les roues avaient été cerclées de bandes de cuir superposées. M. Lefrancq essaya la machine, qui roulait d’une façon assez satisfaisante mais nécessitait encore de sérieux efforts. Ce vélocepède était manifestement supérieur au premier : il était plus léger, plus doux, plus maniable, et pourtant l’impression de M. Lefrancq fut que ce n’était pas encore cet engin qui résoudrait le problème de la locomotion rapide, économique et toujours prête, comme disait M. Desvars : toutefois, il lui donna quelques paroles d’encouragement.

L’intention de l’inventeur était de profiter de l’Exposition universelle pour lancer son vélocepéde.