chaïque la faisaient ressembler à ces figures naïves des maîtres primitifs. Entre ses doigts légers, la laine s’allongeait en un fil menu que le fuseau tordait en tournant rapidement. M. Lefrancq aimait à la voir dans cette occupation qui faisait valoir sa toute gracieuse personne et montrait sa dextérité.
— Il n’y a plus que vous peut-être à Auberoque qui filiez encore, lui disait-il un jour.
— Oh ! il y a bien, sans doute, aussi quelques vieilles ; mais il est vrai que ce n’est plus à la mode.
— Et qui vous a donc appris ?
— C’est ma grand’mère, qui était aussi ma marraine.
— Alors, c’est elle qui vous a donné ce joli nom de Michelette ?
— Oui, elle m’a donné ce nom qui était le sien.
— Je n’imagine guère une vieille femme se nommant Michelette !… Il faut être jeune et belle pour porter ce nom…
Elle rougit un peu.
— Pourtant, j’avais une vieille tante qui le portait aussi. Comme ma grand’mère elle avait été jeune ; mais on ne peut pas changer de nom en avançant en âge…
— Assurément ! mais il y a des noms qui vont bien mal à la vieillesse. Ainsi, par exemple, la vieille servante brèche-dents de monsieur Farguette s’appelle Rose…