sereine chasteté de la jeune fille le ravissaient, et ses yeux verts d’un charme incomparable le captivaient irrésistiblement. Mais ses qualités de ménagère, sa fierté, son courage, sa raison, ne l’attachaient pas moins. Il s’attendrissait en voyant qu’avant peu la misère attendait la pauvre enfant ; non pas une misère décente comme celle qu’elle s’efforçait de dissimuler, mais la misère brutale et nue qui s’accuse par le manque de pain et d’abri : oh ! alors, quelle exquise douceur il trouvait à la pensée de réparer les injustices de la destinée et les cruautés du sort !
Maintenant, par les belles soirées d’été, lorsque le soleil, tombé derrière l’horizon, laissait monter jusqu’à la terrasse, brûlante encore des feux du jour, la fraîcheur du vallon arrosé par le petit ruisseau qui coulait au fond des prés, M. Lefrancq, revenu de l’hôtel, descendait dans son jardin et lisait ou se promenait en fumant. Lorsqu’elle en avait fini avec ses occupations de ménage, Michelette ne tardait guère à venir dans le sien, et, tout en filant ou tricotant, car elle n’était jamais oisive, elle s’entretenait avec son voisin, — lui accoudé sur le petit mur qui les séparait, elle assise sur une chaise, ou debout lorsqu’elle filait. — Elle était charmante ainsi, la quenouille passée dans le cordon de son tablier et maintenue par une ganse fixée à l’épaule au moyen d’une épingle. Sa taille mince et flexible, sa robe aux plis droits et sobres, sa tournure un peu ar-