qu’avait fait naître sa venue s’étaient évanouis ; et les gens d’Auberoque s’étaient un peu refroidis en voyant qu’au lieu de faire du bien dans le pays, de se faire pardonner une fortune scandaleusement acquise, elle ne donnait pas un sou aux pauvres, ne cherchait qu’à « rapier » sur les fournisseurs, à exploiter les ouvriers et à duper la commune.
Et puis, elle mécontentait toujours quelqu’un en particulier. C’était un voisin chicané pour une branche d’arbre pendant sur la propriété du château ; un autre, pour une chèvre qui avait brouté les ronces d’une haie, ou encore pour un oison entré dans un pré. Toutes ces misères prenaient dans son esprit, d’une susceptibilité exaspérée, et excité par Guérapin, que M. Duffart avait fait rentrer en grâce, des proportions énormes. Elle se croyait si supérieure à tous, elle jouait si sérieusement son rôle de seigneuresse d’Auberoque, que, lorsqu’elle avait une affaire de ce genre, elle mandait le juge ; et M. Caumont, toujours plat, montait incontinent au château. De temps en temps elle recevait une leçon de quelqu’un moins souple d’échine. Un jour qu’elle avait envoyé querir le brigadier de gendarmerie pour lui porter contre un pauvre diable une plainte futile, celui-ci, ancien brisquard de chasseurs d’Afrique, répondit à l’intendant chargé de la commission :
— Si madame Chaboin veut me dire quelque chose, elle n’a qu’à venir.