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beroque, mais « c’était des choses trop graves pour prononcer des noms sans preuves… »

Madame Chaboin donnait la réplique au percepteur et faisait montre de ses intentions excellentes à l’égard des habitants d’Auberoque : « Elle avait des projets qui feraient le bonheur de tous ; elle n’aspirait qu’à être la bienfaitrice du pays et elle ne rencontrait que des ingrats… Ainsi, ce conseil municipal qui avait rejeté ses propositions si bienveillantes, si avantageuses pour le bourg qu’elles devaient transformer… eh bien, elle ne comprenait pas à quel mobile il avait pu obéir, non, vraiment !… »

Pendant cette conversation, madame Monturel, droite sur sa chaise Henri II fabriquée au faubourg Antoine, ne disait mot. C’est que la bonne dame, très à cheval sur le cérémonial, comme on sait, avait d’abord absolument refusé d’accepter l’invitation de madame Chaboin, qu’elle qualifiait d’inconvenante. Qu’elle invitât M. Monturel, à la bonne heure ; mais inviter des dames respectables dans ce château acquis avec un or impur, il fallait être une effrontée pour cela ! Néanmoins, à la suite d’une scène violente, elle avait dû céder à l’autorité maritale et suivre M. Monturel qui, pour être bien avec madame Chaboin, eût non seulement mené sa femme dîner au château, mais l’y eût portée au besoin : aussi, elle protestait par son attitude.

Après le percepteur et sa femme, dînèrent au