affaire à madame Chaboin : puisque les ouvriers parisiens travaillaient à meilleur marché, comme elle disait, elle n’avait qu’à les faire venir…
Maria Chaboin n’en revenait pas de trouver des hommes, là où elle avait compté ne trouver que de très humbles serviteurs. Sans doute, ces hommes n’étaient qu’une très infime minorité perdue dans le nombre, mais cela l’offusquait : son grossier orgueil de richarde, sa vanité inquiète s’irritaient que de pauvres diables méprisassent ainsi cet or qui lui avait fait commettre tant de vilenies ; il lui semblait que c’était une insulte personnelle, un affront humiliant.
Un soir, elle en faisait ses doléances à monsieur et à madame Monturel, invités à dîner à leur tour. Le percepteur mettait cela sur le compte des journaux de l’opposition, qui, en ce temps-là, étaient pourtant tenus la bride haute. Même, il lui paraissait tellement monstrueux que des gens sans un sol vaillant, qui n’avaient d’autres ressources que leurs bras, en vinssent ainsi à mépriser la puissance de l’argent, qu’il n’était pas éloigné de croire à l’existence de quelque société secrète propageant les doctrines révolutionnaires dans ce bourg qui s’était toujours distingué par son esprit de soumission au gouvernement, quel qu’il fût, aux autorités civiles et ecclésiastiques, aux nobles et aux riches de la terre… Oui, et il soupçonnait bien quelqu’un à Au-