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gade, grâce à la couturière appelée pour rafistoler une vieille robe de soie de madame. Ce n’était pas par économie, oh non ! mais on n’avait pas le temps d’en faire venir une du Louvre.

M. Caumont, qui était un peu « porté sur son ventre », selon l’expression locale, revint absolument enchanté de sa compatriote, ou plutôt du menu d’icelle. En narrant aux autres qui l’écoutaient, jaloux, les splendeurs du service, la succulence des mets et l’excellence des vins, le juge en avait encore plein la bouche. De ce jour, il devint, comme M. Duffart, le très humble complaisant de l’ancienne financière, et mit à sa disposition sa personne et l’influence que lui donnaient ses fonctions.

Il débuta par conseiller au maçon récalcitrant d’accepter les offres de madame Chaboin :

« Au fond, il avait peut-être raison, mais, en refusant, il perdrait la pratique du château, où madame Chaboin voulait faire de grands travaux. Mieux valait en passer par ses offres, quitte à se rattraper à la première occasion… »

Mais l’autre repartit tout nettement que madame Chaboin avait été gâtée par l’affaire de la « Mer nouvelle de Tombouctou », et qu’avec elle il n’y avait pas de l’eau à boire pour les ouvriers ; que par ainsi, non seulement il ne tenait pas à la pratique du château, mais même qu’il ne voulait plus jamais avoir