sait pittoresquement, en l’absence du conseiller elle recevait les gens et leur promettait gravement sa protection.
De temps en temps, le frère et la sœur dînaient au château ; mais mademoiselle Duffart ne tenait pas beaucoup à ces invitations. Elle trouvait que « la Chaboin » posait trop à la grande dame ; et puis elle était toujours gelée comme une rave, ne parlait que d’affaires et avait une figure « jovente » comme un geôlier de prison.
Il est vrai que Maria Dissac, veuve Chaboin, depuis qu’elle avait dépassé la quarantaine, d’une nervosité excitée qui troublait parfois son intelligence, n’était guère aimable, ni même trop polie avec personne, surtout avec les femmes, qu’elle dédaignait comme des êtres futiles, toujours occupés de chiffons. Mademoiselle Duffart lui déplaisait particulièrement à cause de sa légèreté folle, de son bavardage de touche-à-tout ; et elle ne la tolérait qu’à cause du conseiller-inspecteur son frère, dont elle voulait utiliser les relations.
Enfin, après de bonnes vacances passées en plaisirs champêtres, chasses suivies de plantureuses ripailles, pêches aux écrevisses, le soir après souper, parties de crêpes, petits voyages d’agrément dans les environs, les contrevents verts de Belarbre se fermèrent, et, au moment où le vent d’automne faisait tourbillonner les feuilles mortes sur les che-