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« Elle ne songe pas à me combattre », se disait M. Duffart.

Le conseiller ne se trompait pas. La nouvelle châtelaine d’Auberoque, qui songeait à se réhabiliter dans la mesure du possible en exerçant une influence dans le pays, en se posant en grande dame, avait promptement compris que M. Duffart serait, si elle le voulait, son homme-lige, son porte-parole, et mettrait à son service les relations politiques, administratives et autres, qu’il avait dans le pays, et elle avait résolu de se l’attacher.

Le lendemain, le préfet, prévenu par son ami Duffart, reçut les deux visiteurs, et fut galamment bonhomme avec « madame Chaboin d’Auberoque », comme Duffart l’avait annoncée. Tous trois parlèrent d’abord de choses indifférentes ; puis l’acquisition de la terre d’Auberoque par madame Chaboin fournit la transition, et la dame aborda la question de l’emplacement de la station. Le préfet écoutait, avec une attention de commande, tant les raisons de la riche propriétaire que le plaidoyer de Duffart ; et, quoiqu’il comprît très bien le mobile qui faisait agir l’ancienne financière de la « Mer nouvelle de Tombouctou », il hochait la tête favorablement, désireux de consolider la situation de l’ami Duffart, qu’il savait un peu démonétisé à Auberoque.

À première vue, il ne prévoyait pas de difficultés insurmontables… Pourtant il savait que les ingé-