Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’inspecteur-conseiller, amené par lui, vint saluer la dame et s’entretint avec elle sur le turf, puisque, grâce aux Monturel qui sont légion, un homme qui se respecte ne saurait dire : « le gazon ». Ils parlèrent un peu de tout : des performances du cheval favori, du cours de la Bourse, de l’arrêté ministériel relatif aux jupes des danseuses et de l’Exposition universelle. Les courses terminées, madame Chaboin offrit au conseiller de le ramener en ville, ce qui fut accepté avec empressement, de sorte que mademoiselle Duffart dut rentrer seule, avec le locatis qui les avait conduits. En route, madame Chaboin parla de l’affaire de la station, question vitale pour Auberoque, disait-elle, et non seulement M. Duffart promit son appui personnel, mais encore il proposa à la châtelaine de lui faire faire la connaissance du préfet, un homme tout rond, sans façons, avec lequel on pourrait causer de la chose. Cette proposition, qui favorisait les vues de madame Chaboin, fut immédiatement agréée, et elle convint avec le conseiller d’un rendez-vous pour le lendemain. Sur cette entente, les deux personnages étant arrivés à l’Hôtel du Périgord, où était descendue la richissime propriétaire d’Auberoque, celle-ci donna au conseiller général un bon shake-hand, comme eût dit madame Monturel, et ils se séparèrent satisfaits l’un de l’autre.

« Il m’aidera à obtenir la station », pensait madame Chaboin.