Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’Auberoque, tournait autour d’elle M. Duffart, conseiller général du canton, qui cumulait ces fonctions électives avec celles d’inspecteur du Palais-Bourbon. Cette inspection était une sorte de sinécure dépendant du bureau des questeurs, obtenue par le moyen d’un sien cousin, député influent, qui se nommait Duffart comme lui, ce qui faisait parfois des confusions dont il profitait. Le conseiller était un ancien fruit sec de l’École de droit, un financier de troisième ordre qui avait tué sous lui la « Société d’Escompte du Périgord noir ». Fils d’un homme très populaire et justement estimé dans le pays, il lui avait succédé au conseil général grâce à son nom, à son savoir-faire personnel, et aussi, il faut bien le dire, à l’appui de la candidature officielle prêté par un préfet, ancien négociant de Cognac, nommé à la faveur d’une homonymie, disait la légende. M. Duffart était un bel homme de trente-cinq ans qui avait l’air d’un sous-officier de cuirassiers en civil. Blond, d’une figure agréable, la moustache retroussée, avec du bagou, de l’entrain, de l’aplomb, en un mot, tous les dons superficiels propres à piper les suffrages populaires. Il n’était point méchant, passait même pour « bon enfant », mais c’était un homme faible, de moralité indécise, sans principes fixes et d’une probité politique incertaine. Ce candidat officiel qui, au fond, ne tenait à l’Empire que pour garder sa place d’inspecteur, s’il ne brillait