robe et mis tous leurs bijoux, l’attendaient avec impatience. Elle resta là un moment, l’air ennuyé, parlant peu, regardant dédaigneusement le luxe prétentieux de ces bourgeois ; puis elle salua légèrement et se retira.
Mais M. Monturel s’accrocha aussitôt à elle et l’accompagna dans le bourg, comme il le faisait pour le député Duffart. Fier d’être vu en compagnie de la richissime parvenue, il affectait avec elle des airs d’intimité, et, plus nerveux que de coutume, lançait son coup de pied roidement et gesticulait fort, ses gros yeux lui sortant de la tête, et la bouche saliveuse. Il ne la lâcha pas un instant : il entrait avec elle dans les maisons où il était familier, comme chez le maire et chez le juge, ou attendait à la porte en s’entretenant avec les voisins, absolument inconscient de sa platitude. Au reste, parmi les notables principaux d’Auberoque, nul, si ce n’est M. Lavarde, un peu, ne parut se formaliser de cette visite par-dessous la jambe, rendue, quatre ou cinq mois après, dans un costume incorrect. Pour se déguiser cette mortification, tous se disaient que madame Chaboin était une originale, une distraite, une capricieuse, qui ne faisait rien comme tout le monde. Au vrai, elle était mal élevée et insolente comme presque tous les parvenus. Et encore, il fallait une grande bonne volonté pour accepter la démarche de madame Chaboin comme une visite de politesse rendue, car elle ne