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riale de la diligence son vélocepède imparfait. Dès le lendemain, il vint trouver M. Lefrancq et le remercia fort de ce qu’il avait fait pour sa fille. Il l’assura qu’il lui était aussi reconnaissant de la manière délicate dont il en avait usé que des services mêmes. Puis il lui promit qu’avant peu il lui rembourserait ses avances.

— Rien ne presse, monsieur Desvars.

— J’entends bien ; mais, d’ici quelque temps, je serai en mesure.

Et, à ce propos, il raconta ses déboires : il avait eu à lutter contre la jalousie d’un inventeur et les intrigues d’un de ces intermédiaires qui exploitent les deux parties qu’ils abouchent. Du reste, il avait conçu des perfectionnements qui mettraient, haut la main, sa machine à cent piques au-dessus de celle qu’on lui avait opposée pour le dégoûter et l’amener à laisser le champ libre à son concurrent. Oui, ces perfectionnements feraient classer immédiatement le vélocepède en tête des moyens de transport individuel des personnes actuellement connus. Il en était certain : avant peu le problème de la locomotion rapide, économique et toujours prête, serait résolu. Alors la période difficile où il se trouvait prendrait fin, et la fortune viendrait le dédommager de toutes les amertumes, et, il le disait sans honte, de toutes les misères endurées par sa fille et par lui.

— En attendant, monsieur Desvars, lorsque vous