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trop occupé de ses inventions pour songer à sa fille.

À ce moment entra dans le bureau mademoiselle de Caveyre.

— « Entrez sans frapper !… » Puisque vous ne voulez pas venir, moi, je viens, dit-elle en riant.

— Asseyez-vous donc, fit-il de même, quoique contrarié.

Et il lui présentait une chaise.

— Merci, je suis fatiguée d’être assise… Je voudrais un papier de commerce d’un sou.

Et, tandis qu’assis devant son bureau le receveur cherchait dans son tiroir, elle se tenait debout près de lui, le frôlant presque, s’offrant visiblement, et, en femme experte, comptant sur un de ces mouvements irréfléchis, une de ces impulsions brutales, auxquelles se laissent aller parfois les hommes les plus réservés.

Mais M. Lefrancq avait pour lors d’autres pensées ; et puis cette attitude de mademoiselle de Caveyre lui inspirait de la répulsion plutôt que des désirs.

— Voici le papier, mademoiselle.

— Je vous remercie… Voilà mon sou.

— Vous avez une jolie vue sur la campagne, ajouta-t-elle en s’approchant de la fenêtre.

— Oui, elle est agréable en cette saison, répondit-il, assez ennuyé, en pensant que Michelette pouvait apercevoir la directrice.