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des domestiques, puis un majordome chargé de diriger ce monde et de veiller aux arrangements. Tout ce train avait voyagé à grands frais par le chemin de fer jusqu’à la station la plus voisine, et avait achevé le voyage en une étape.

Les gens de l’écurie, qui descendaient au Cheval-Blanc boire des apéritifs variés, ou jouer des bouteilles de bière sur le billard à blouses du Café du Périgord, étaient curieusement interrogés sur les faits et gestes de leur maîtresse par les habitués de ces établissements ; mais ils se montraient froids et gourmés, à l’anglaise, et ne disaient pas grand’chose :

« Madame ne prévenait jamais ; on ignorait quand elle arriverait… »

Pourtant, un jour, on sut par le boucher, qui avait porté de la viande au château, qu’une voiture devait aller chercher madame Chaboin à la station, et les lévites et les redingotes des « messieurs de la société », ainsi que l’habit à queue de M. Monturel, le seul qu’il y eût à Auberoque, furent tirés des porte-manteaux et soumis à une minutieuse inspection. Chacun accorda généreusement à la nouvelle châtelaine l’après-midi du jour de son arrivée pour se reposer. Seul, M. Caumont, en qualité de « compatriote », tout à la chaude monta au château.

— Madame ne reçoit pas, lui dit le majordome,