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pressait. Puis, en post-scriptum, il priait son locataire de n’en rien dire à sa fille.

Michelette, elle aussi, reçut, quelques jours après, une lettre de son père qui semblait ravi de la marche de son affaire. Il ne savait encore s’il exploiterait lui-même son brevet, ou s’il le vendrait ; probablement, il prendrait ce dernier parti afin de pouvoir s’occuper à loisir d’une autre invention qu’il avait en tête. À quelque détermination qu’il s’arrêtât, d’ailleurs, cette fois il tenait la fortune ; elle ne pouvait lui échapper… Et l’inventeur, enthousiasmé, parlait de centaines de mille francs et même de millions…

La jeune fille remit la lettre dans l’enveloppe et la plaça dans un tiroir :

« Pauvre père ! » pensa-t-elle.


Pendant que M. Desvars se grisait de la vision de ses millions à venir, les naturels d’Auberoque s’entretenaient fort de ceux de madame Chaboin, et chacun faisait ses supputations et se prenait à espérer de détourner, à son profit, un petit filet, ou quelques gouttes, du Pactole qui ne pouvait manquer de couler sur la bourgade. Ce qui renouvelait les commérages à ce sujet et excitait les convoitises de chacun, c’était l’annonce de la venue de cette richarde. Déjà des chevaux et des équipages étaient arrivés, avec un cocher, des grooms, un cuisinier,