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V

L’hiver tirait à sa fin. Les gros nuages du golfe de Gascogne amoncelés par le vent d’ouest avaient disparu. Le ciel s’était nettoyé, et, au temps dur, à la bise aigre avaient succédé un temps plus doux et quelques journées ensoleillées. Le long des haies, parmi l’herbe nouvelle, les violettes commençaient à se montrer, et, dans les prés reverdis, au-dessous du jardin de la maison Desvars, pointaient des primevères, des coucus, comme on dit à Auberoque, en déformant le mot français. Dans la muraille de soutien, des violiers entr’ouvraient leurs boutons, et, sur le bord, un amandier balançait, au-dessus d’un banc, ses flocons de fleurs neigeuses.

Le receveur était assis sur ce banc, un doux après-midi, et regardait distraitement le paysage. Autour de lui, dans les arbres du jardin, les chardonnerets commençaient à voleter avec des appels