Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.



II


Je m’éveillai le lendemain à la pointe du jour. Des hirondelles faisaient leur petit ramage du réveil, et portant mes yeux en haut, je vis le nid attaché à une solive et les hirondelles sur le bord, prêtes à sortir. Juste au-dessous du nid, la Mondine avait mis un paillasson plein de sable pour la propreté. Les deux bestioles, après avoir jasé assez, s’envolèrent par un carreau cassé.

J’étais dans cet état de bien-être qu’on sent lorsqu’on a l’esprit tranquille, et le corps bien reposé. Le bruit des eaux qui passaient sur l’écluse, me berçait doucement, et je me laissai aller à des rêveries d’autrefois.

Je me revoyais petit enfant de cinq ou six ans, jouant au-dessous du moulin sur le bord de l’eau, et faisant dans le sable de petits lacs où je mettais des gardèches, ou quelqu’autre fretin que j’attrapais avec un crible. Couché sur le ventre je les regardais aller et venir tout étonnées de se voir enfermées.

Une fois la demoiselle Ponsie vint me chercher là. C’était alors une belle fille de seize ans, qui mordait dans mes joues rouges comme dans une pomme.