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la maison et à la Fayardie, comme bien on pense, et nous étions tous glorieux du cadet. Lui était plus raisonnable que ses frères, et le lendemain de son arrivée il prit ses anciens habillements de civil, et se mit à chasser pour se reposer d’avoir beaucoup travaillé à l’école. Qui l’aurait rencontré dans les bois sans le connaître, avec une groule de veste et un méchant chapeau, n’aurait jamais dit que ça fut un jeune officier de l’armée. Il n’alla pas tant seulement se montrer à Excideuil, comme ça aurait été pardonnable de le faire, preuve que la gloriole ne lui tournait pas la tête.

L’année d’après, François se maria avec la fille d’un meunier de sur la Cole, et s’en fut demeurer chez son beau-père, que j’avais connu dans le temps, à la noce de mon cousin de Brantôme. François entrait chez de braves gens, et le moulin était bien en pratiques. Ils n’étaient pas riches si on veut, mais avec ça la fille n’était pas un mauvais parti, parce qu’elle était pour lors seule de famille, son frère étant mort l’année d’auparavant.

En 1885 ça fut une bonne année pour les naissances. Il nous naquit un drôle de Victoire. Nancette eut une fille, et mon autre nore, qui s’appelait Clara, en eut une aussi.

Mais l’année d’après ne fut pas aussi bonne. Un jean-foutre de boulanger avec qui je faisais du commerce, fit banqueroute et me fit perdre près de quarante pistoles. J’eus comme les autres, onze pour cent, deux ans et demi après : le reste se mangea en frais, comme c’est de coutume.

Dans ce même temps, notre Yrieix, qui avait pour lors ses vingt-trois ans, s’amouracha d’une fille du bourg qui était bien une drole tout à fait comme il faut, et jolie de figure, mais qui n’avait pas un sol vaillant. Comme tous les soirs presque, il descendait la voir et revenait des fois assez tard, je m’en aperçus