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Puygollier, mais qui était grande, propre, bien arrangée, et au milieu de son bien. Tout ce qu’il fit, c’est qu’il ramassa toutes les vieilleries qui lui semblèrent curieuses : un lit à colonnes, des vieux cabinets piqués des vers, des boiseries, des tableaux, mais tout ça ne lui coûta pas bon marché à mettre en état de servir. Le mobilier de la chambre de la demoiselle qu’elle avait donné à Nancette, je n’en parle pas, parce qu’on l’avait emporté de Puygolfier peu après sa mort, celui-là était le mieux en état ; les fauteuils et les chaises avaient des pieds contournés, étaient peints en blanc, et l’étoffe était de vieille soie jaune. Il y avait aussi un lit dans le même genre, une commode ventrue à cuivres dorés, et quelques portraits que Fournier trouvait jolis. Mon gendre emporta aussi tous les vieux papiers, dont il y avait un grand plein coffre dans le grenier, et il nous donna des livres pour les droles.

Le reste ne valait pas le diable, et il y avait belle lurette que les cuillers et les fourchettes d’argent avaient été vendues.

Fournier aimait assez à farfouiller dans les vieux papiers, et il s’entendait bien à lire tous ces vieux actes auxquels nous ne comprenions pas un mot. En triant ces paperasses, il trouva des choses qui regardaient le pays ; par exemple, que notre moulin avait appartenu, il y avait près de deux cent cinquante ans, aux seigneurs de Puygolfer, et que c’était un moulin banal où toute la paroisse devait faire moudre. Il trouva aussi l’acte de fondation de la chapelle de Saint-Silain, dans l’église de la paroisse, faite par une dame de Puygolfier ; des papiers qui marquaient les redevances et les rentes qui étaient dues aux seigneurs de Puygolfier avant la Révolution, et beaucoup d’autres choses de ce genre. Mais ce qu’il trouva de plus curieux, c’est un acte de vente de la terre de Puygolfier en l’année 1625. Si le défunt M. Silain