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n’était sortie de la maison, et aussi parce que la chambrière que nous avions prise depuis le mariage de Nancette, ne nous convenait pas, tant elle était fainéante, sale, et avec ça glorieuse comme un pou.

Nous lui avions dit de chercher une place à la fin de son année, mais ça n’empêchait pas qu’en attendant, nous en pâtissions. Quand ma femme était là, il n’y avait pas à dire, il fallait qu’elle fît son travail, et qu’elle tînt la maison propre ; mais elle n’y étant pas, nous n’en pouvions rien faire : les hommes ne s’entendent pas à faire aller les maisons, et ça se voit là où il n’y a pas de femme.

Dans le temps que ma femme était chez notre gendre, la demoiselle Ponsie tomba malade, d’une petite fièvre lente qui la fatiguait beaucoup. J’y montai aussitôt que je le sus, et je la trouvai dans le grand fauteuil où était mort son père. La pauvre était toute pâle avec un peu de rouge sur la pointe des joues, et les yeux brillants comme des chandelles. Avec ça, elle avait toute sa tête et me dit que cette fois c’était pour tout de bon ; qu’elle s’en allait au cimetière, et que c’était bien arrangé ainsi, que la famille de Puygolfier finissait avec la terre.

La grande Mïette qui était là, lui dit :

— Oui bien si vous faites comme aujourd’hui, demoiselle, vous iriez ; mais demain, je ne vous lèverai pas, vous direz ce que vous voudrez.

— Que je sois couchée ou levée, vois-tu, ma pauvre Mïette, ce sera toujours la même chose.

En revenant à la maison, j’envoyai de suite Bernard avec la jument pour dire au médecin de Savignac de venir. Il vint le lendemain, et il ordonna force remèdes, que Bernard fut chercher à Excideuil. Ma femme étant revenue dans ce temps-là, monta à Puygolfier, heureusement, car la pauvre Mïette avait bien bonne volonté, mais elle n’était pas des plus rusées,