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de Tourtoirac, n’était pas mort, lui, mais il était vieux et ce fut son fils et sa nore qui vinrent à sa place. Le cousin Nogaret du Bleufond et sa femme étaient morts aussi, les garçons avaient quitté le moulin pour s’en aller à Paris, nous ne savions où ; il ne restait dans le pays qu’une fille mariée à Montignac, qui ne put pas venir. Ceux qui avaient eu le plus de misère, les Nogaret qui étaient venus s’établir sur l’Haut-Vézère, du côté de Génis, avaient tenu bon ; le vieux et la vieille étaient toujours là, mais ça n’était plus le temps pour eux d’aller à la noce si loin ; ils vinrent deux de la famille, tous deux mariés. Mon oncle Chasteignier, de Sorges, était veuf depuis longtemps et bien vieux, mais il vint tout de même, ou plutôt Bernard alla le quérir avec la mule. Le cousin Estève vint aussi, mais son frère était mort de la picote pendant la guerre.

Dans les nouveaux, il y avait nos six autres enfants, qui étaient là, à la noce de leur sœur ; les plus petits bien contents d’être habillés de neuf et de voir tous ces parents qu’ils ne connaissaient pas, et des messieurs ; car, outre une tante de Fournier, nous eûmes aussi deux de ses amis dont l’un était médecin proche de Thiviers, et l’autre notaire du côté de Saint-Yrieix. Mais c’était de bons garçons, de vrais Périgordins, qui parlaient patois quand il fallait, et n’étaient pas à l’étiquette, ayant dans leur jeune temps vu leurs vieux grands-pères qui n’étaient que de bons paysans.

Et M. Masfrangeas était là aussi, toujours solide ; ses cheveux étaient devenus tout blancs, mais il ne lui en manquait pas un, et ils étaient toujours embroussaillés comme autrefois. Lui et mon oncle, ça faisait une belle paire de vieux, étant dans leurs soixante-huit à soixante-neuf ans, mais ayant bonne tête, bonnes jambes et bon estomac aussi, car ils étaient les premiers à trinquer et à faire boire. Mon