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IX


À mesure qu’on prend de l’âge, on change de soucis. Ceux du père ne sont plus ceux du jeune homme ; c’est à ses enfants qu’ils se rapportent. Aussi, je me demandais ce qu’allait faire Bernard, car il finissait cette année-là d’étudier à Excideuil. Mais lui, ne fut pas bien embarrassé, car en revenant il se mit à travailler au moulin et dans les terres, comme son aîné. Nous fûmes un peu étonnés de ça ; mais il nous dit que ce qu’il en faisait c’était pour avoir l’habitude du travail et le connaître, mais que d’ailleurs il voulait faire autre chose à l’occasion. En effet, quelque temps après, il alla trouver M. Vigier, qui l’employa pour des arpentages, pour lever des plans, planter des bornes et faire des partages. Petit à petit il se fit connaître dans cette partie-là, sans nous quitter.

Les autres droles étaient encore jeunes, puisque celui qui venait après Bernard n’avait que treize ans, et il n’y avait pas encore lieu d’avoir des soucis pour eux. Mais la Nancette avait ses vingt ans, et ce n’est pas pour dire, mais c’était la plus fière drole du pays ; belle femme et jolie, comme était sa mère